Dolus an virtus, quis in hosta requirat

Dolus an virtus, quis in hosta requirat

mardi 16 octobre 2007

Les sources de la légende

Présentation des origines de la légende (romancées par K. de Kosigan et Edouard Chevais-Deighton).

Le texte qui suit est une ébauche d'étude rédigée par l'explorateur et historien britannique W.E Lingdon entre 1868 et 1881, année où il trouva la mort à Paris, dans l'ancien quartier des "Vieux-dictons". Cette étude semble s'appuyer principalement sur l'analyse d'une copie complète des "Heures secrètes des comtes", ouvrage daté de 1382 et découvert en 1867 par Louis Leduc lors des fouilles privées organisées par la "Société des Grands Hommes" dans certains lieux importants du territoire d'Avallon (où l'on pense que devait se trouver le site originel de Kosigan), et notamment dans la chapelle du monastère de Sainte Foy. Cet ouvrage, dont il n'existait qu'un seul exemplaire manuscrit et anoté, a par la suite été racheté par Monseigneur des Adrets, Primat de l'Eglise Catholique et Romaine en France en 1885. On a perdu sa trace en 1901 lors de l'incendie du manoir de la famille des Adrets à Lyon.
Une autre des sources d'inspiration de Lingdon pour son étude semblerait être la découverte de différents écrits mineurs ou anonymes, provenant des fonds d'archives anciennes des Ducs à Dijon. D'après les études et publications qu'il fit paraître à l'époque, il semblerait qu'il ait réussi à établir un lien entre un certain nombre de ces documents et les actes de Pierre 'Cordwain' de Kosigan. C'est ce personnage mythique, surnommé dans certains contes de son époque 'Le Bâtard de Kosigan' et dont il n'existe quasiment aucune trace reconnue, qui a été un des éléments centraux des recherches de l'historien anglais. L'essentiel de ses travaux avait en effet pour objectif (outre la localisation réelle de l'ancien comté de Kosigan) de démontrer la réalité de l'existence de cet homme, et le rôle qu'il avait pu jouer dans deux évènements majeurs du XIV° siècle: la construction du Grand Duché de Bourgogne et le Grand Schisme de l'Eglise Catholique d'Occident.

J'ai moi-même réussi à obtenir certains de ces documents et je dispose actuellement d'un exemplaire original des 7 feuillets restants de "Pesance et Tristeur" écrits par une certaine Marie Bouard, ainsi que d'une copie faite par mes soins de la "Lettre à mon maistre' dont l'auteur présumé est Jean Gerfaud. J'ai pu également avoir accès au "Traité des produits et coups fourrés"conservé au Scellé des Archives à Auxerre et qui aurait été écrit par l'un des premiers maîtres espions de la Bourgogne médiévale, Slynt Carrayan.
Les trois auteurs présumés de ces textes sont présentés par Lingdon comme des proches de Pierre de Kosigan. Il s'appuie en cela sur une analyse détaillées de nombreuses phrases ou allusions présentes dans les documents. Ainsi, pour ce qui concerne Marie Bouard, il démontre dans l'annexe 3 de son ouvrage sur "La véritable Histoire de la Bourgogne et d'Avallon", qu'elle aurait été la nourrice, puis la gouvernante du jeune Pierre de Kosigan...La fin du feuillet 2 a malheureusement été brûlée, et on ne peut que deviner le véritable nom de son protégé dont seules les 3 premières lettres du nom sont encore lisibles: "Pie....". Il est à noter que ce nom n'apparaissait qu'à la toute dernière ligne du feuillet, et que le morceau de parchemin détruit était donc relativement petit. "Pierre de Kosigan" aurait, semble-t-il, pu remplir exactement l'espace qui manquait jusqu'au bord de la page...
Plus probant en terme d'analyse, dans la suite de son texte, la même Marie Bouard évoque à plusieurs reprises le jeune homme dont elle s'est occupée. Elle y fait référence comme à son 'petit Prince' (un terme qui n'était nullement en usage parmi le peuple à cette époque), mais aussi comme au 'fils seul né de Jehanne la Belle et du Loup de la Rose' ("Le Loup" était le surnom donné à Gregor de Kosigan, frère du comte Borogar (127?-1328) et père putatif de Pierre de Kosigan..."Rose" était le surnom donné à la ville de Kosigan: 'Kosigan la Rose', du fait de la couleur de certains de ses brouillards matinaux).
On estime que la totalité du document original complet de Marie Bouard devait comporter une trentaine de feuillets. Le dernier feuillet qui est encore à notre disposition (feuillet n°7) devait se situer à la toute fin de cette composition (peut-être la dernière ou l'avant dernière page). Là, Marie Bouard utilise un autre terme (assez étonnant) pour qualifier celui dont elle avait été la nourrice et la gouvernante: elle dit être fière de son "petit cordouanier"... Ce terme correspond au mot français 'Cordonnier' et à son équivalent anglais 'Cordwainer'. Or, il est important de rappeler que toutes les recherches et thèses effectuées sur Pierre de Kosigan s'accordent à dire que le surnom "Cordwain" était presque toujours accolé à son nom. La coïncidence est plus que frappante et la probabilité pour que Marie Bouard ait réellement été la gouvernante du chevalier manquant de Kosigan paraît particulièrement forte.
Pour en revenir au texte et aux notes de W.E Lingdon ci-dessous, il est à noter qu'elles ne sont pas complètes. Certains passages ont été malheureusement détruits ou endommagés par le temps et d'autres sont actuellement en cours d'étude et de restauration au département 'Science et Histoire' de l'Université de Paris I. Ces passages ne peuvent donc évidemment pas figurer ici (ils seront figurés par un (…)).

Note de rappel: Le texte qui suit est un extrait d'une traduction des carnets privés de Lingdon et n'a jamais fait l'objet de publication. Un grand nombre de ses assertions et théories n'ont a priori aucun fondement historique et il faut rappeler que ses thèses ont toujours été démenties et rejetées par l'Ecole d'Oxford ainsi que par le Comité des Hautes Etudes Historiques de Paris.

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"… Or donc, Pierre Cordwain de Kosigan semble avoir passé la majeure partie de son enfance dans le petit village de Kerbuck, lequel, étrangement n'est pas (…3 pages manquantes...). Voilà l'état de mes recherches actuelles sur ce hameau qui est sans doute l'un de ces villages abandonnés au moment de la terrible peste rouge qui frappa durement la région de 1368 à 1370, à moins qu'il n'ait tout simplement changé de nom ultérieurement, du fait du (...1 page manquante...). Elevé par une mère aimante mais dont le comportement laissait à penser qu'elle conservait quelques terribles (...2 pages et demi manquantes). D'après M.B. il ne vint s'installer à Kosigan la Belle avec elle qu'après que Jehanne eut été assassinée dans des circonstances qui restent à éclaircir. (…5 pages manquantes...)
...semble que Pierre Cordwain resta le plus possible éloigné du chateau et qu'il prit garde de ne (...) aucuns de ses droits sur le comté. De ce fait, sa présence fut donc tolérée par le Comte Borogar. (à nuancer par les écrits du "Lay de Saint Jame" qui évoque dans 2 strophes les tourments infligés par le comte à son neveu). Probablement élevé avec l'héritier du comté, Vlad de Kosigan et son jeune frère Alexis (les archives de la baronnie de Tonnerre évoquent le passage d'un jeune fils du baron à la Cour comtale. ce dernier y aurait côtoyé, "les deux chiards du Kosigan et leur bâtard de cousin qu'on cherchait à cacher"...).
M.B fait la liste des différentes personnes qu'il avait l'habitude de côtoyer (...1 page manquante...) "fille de Velan et de sang elfique par surcroît". Plusieurs légendes populaires font état de la présence de ces êtres féériques dans les forêts profondes autour des régions de Tonnerre et d'Avalon et par conséquent de Kosigan. Rares sont les textes non littéraires dans lesquels on y fait allusion comme à des êtres réels. (Retravailler la théorie de 'l'Effacement par l'Eglise Catholique' = chasse, destruction ou confiscation de tout ouvrage, objet ou preuve de l'existence jusque vers 1600 des peuples anciens et des pouvoirs des arts occultes. Rediger une note à ce propos pour Gwen et vérifier l'exemplaire de la "Controverse de Flore" retrouvé à Parme cette année.) (...)
Semble avoir été un garçon actif et intelligent, ayant parfois quelque tendance à l'espiéglerie (cf épisode des faux rats). (...1 page manquante...)
Lien avec les anciennes magies à cet âge? (Une seule allusion dans le codex du moine Brunehaut: "Messire Pierre de bâtardise allia la croyance, par le Maîstre des Arts Gauvain de Milpertius, goûta les feux d'anciens et commanda aux foudres". Peu clair. Peut aussi s'agir de vin.)
Très intéressant dans les "Heures": à l'âge de 14 ans Pierre paraît avoir été confié par son père Grégor aux bons soins de celui qui veillait à la sécurité du comté, Slynt Carrayan, Capitaine de la dite Garde Grise. Il est mentionné que parfois les bâtards de la famille étaient ainsi écartés des autres enfants pour recevoir un enseignement spécial et servir Kosigan par d'autres moyens. Il est fait mention de plusieurs voyages de Pierre à Beaune et en Italie dans ce cadre au cours des années qui suivirent. (...5 pages manquantes...)
Chevalier fait et adoubé à ses (...) mais son père meurt peu de temps après.
Exilé? Chassé par Borogar? Pourquoi? (cf "Lay de Saint Jame" et "Feuillets" de M.B pour citations sur les rapports entre l'oncle et le neveu). Quand même: circonstances de l'Exil peu claires...Hypothèse: lien avec l'épisode du Baron de Saint Denis? Extrait de l'essai sur Pierre de Kosigan écrit en 1832 par Walter Scott :
"Pierre Cordwain bénéficia des enseignements des plus réputés maîtres d'armes, perfectionnant ainsi des dons évidents de combattants. Son statut de membre de la famille régnante lui permit également de se confronter aux intrigues de cours. Doué d'une vive intelligence, il ne tarda pas à être rompu à l'art de la manipulation. Parallèlement, c'est à cette époque qu'il développa une véritable fascination pour la gente féminine et un art consommé pour en séduire les plus beaux fleurons. Alliant le charme, une verve naturelle et une beauté dangereuse, on ne compte plus le nombre de nobles et de bourgeois cocufiés qui le maudirent et celui des jeunes et belles insouciantes qui, lui ayant abandonné leur virginité, ne se retrouvèrent qu'avec leurs yeux pour pleurer.
Il me revient à ce propos une anecdote amusante : Quelque baron français dépêché par le roi de France afin de tester la fidélité du Comte Borogar à son suzerain le Duc de Bourgogne, était arrivé à Kosigan accompagné de sa famille. Le protocole exigeait que ces hôtes soient reçus avec tous les honneurs dus à leur rang aussi une fête fut-elle organisée le soir venu. Borogar se montra inflexible quant à sa loyauté envers le Duc et ce, malgré l'ennuyeuse insistance du baron. Mais ce fut surtout l'occasion pour la fille du baron de tomber immédiatement sous le charme de Pierre Cordwain. La nuit venue, il rejoignit la belle damoiselle dans l'aile du château qui avait été allouée au baron et à sa famille. Mais, à peine avait-il entrepris la jeune vierge que le père de cette dernière surgissait dans la chambre. Pierre Cordwain dut s'enfuir à moitié nu par la fenêtre, poursuivi par le père armé d'une épée et vouant le jeune homme aux affres de l'enfer. Après que le baron eut quitté fort fâché Kosigan la belle, on apprit que la jeune damoiselle était promise de longue date à un comte français très influent mais que ce dernier, en apprenant ce qui s'était passé, avait rompu sa promesse de mariage. Pierre Cordwain, craignant d'être tancé par son oncle pour avoir humilié ainsi un hôte fut tout surpris quand le Comte Borogar le félicita de la bonne leçon jouée à ce fâcheux. Ce fut d'ailleurs l'une des seules fois que le comte manifesta la moindre considération pour cet encombrant neveu."

Très romancé et pas du tout historique. Walter Scott avait l'intention d'écrire un roman sur les aventures du "Bâtard de Kosigan". Cependant, on trouve trace d'une histoire similaire dans les "Annales des Seigneurs de Saint Denis". Kosigan n'y est pas nommée, ni le nom exact des protagonistes, mais le fait qu'un des barons ait été mandé par le Roi de France pour tester la fidélité d'un des grands vassaux de son adversaire le duc de Bourgogne et surtout que la fille de se dernier en ait perdu son honneur semblent correspondre à cette étonnante allusion.
Ce peut-il qu'une histoire similaire ayant mal tourné ait pu provoquer la rage du comte de Kosigan? Avec une femme ou une jeune fille qui lui était chère par exemple? (...2 pages manquantes...)
(...) de cet autre extrait du texte de Walter Scott:
"Au cours des années qui suivirent, la capacité du jeune seigneur Pierre Cordwain à se mouvoir dans la haute société avec la même aisance que dans la fange des plus basses extractions sociales, lui assura un statut de mercenaire très prisé. Certains des plus influents notables du Royaume de France ou du Duché de Bourgogne firent appel à lui pour régler leurs problèmes les plus épineux et le rétribuèrent à la hauteur de ses compétences. Ses ennemis qui le surnommaient de plus en plus souvent « le bâtard de Kosigan », en référence à sa naissance illégitime, redoutaient ce chevalier errant qui ne reculait devant aucun danger et qui semblait avoir toujours un coup d'avance dans les intrigues de cours les plus complexes. Toutefois, son éloignement de son comté natal ne semblait pas avoir fait renoncer son oncle à exercer sur lui sa terrible vengeance: il continuait d'être victime de tentatives d'assassinat dont certaines faillirent lui ravir la vie. Pourtant, il parvenait à se sortir indemne de toutes les situations et guérissait miraculeusement de blessures qui en auraient occis de plus solides. Cette réputation d'invincibilité fut le début de ce qui allait devenir sa légende."
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Voilà pour la première partie des notes de W.E Deighton.
J'en produirai d'autres passages ultérieurement. Mais vous avez là une partie des éléments de base qui m'ont servi de point de départ pour travailler sur l'histoire de mon ancêtre perdu. On retrouve sa trace plusieurs années après son départ de Kosigan dans le comté de Champagne. C'est là que commencera la première narration de ses aventures...
Troyes avait perdu son comte l'année précédente et sa veuve, la comtesse Catherine, ne pouvait plus assurer la neutralité de son comté face à l'insistance des deux grandes puissances voisinnes qu'étaient le Royaume de France et le Duché de Bourgogne entre qui la guerre semblait inévitable. Cette dame de haut rang à la beauté légendaire (certains disent qu'elle tenait cette apparence de jeunesse éternelle d'origines elfiques), se trouvait devant un problème épineux : sauvegarder le bonheur de son peuple et la pérennité de son comté dans ce contexte difficile. Cela passait par un compromis qu'en tant que femme politique avisée, elle se résolut à faire. Aussi avait-elle organisé un tournoi à l'occasion de la Saint Rémi et comptait, à son issue, annoncer sa vassalité par le mariage de sa fille Solenne à l'un ou l'autre des deux partis.
Pierre Cordwain de Kosigan, apparemment attiré par le tournoi et la gloire que pourrait lui procurer une victoire, faisait route vers Troyes. Pris à parti sur le chemin par quelques malandrins, déserteurs d'une quelconque armée, c'est à cette occasion qu'il rencontra celui qui allait devenir son écuyer et fidèle compagnon. Jeannot était un orphelin ayant rejoint ces brigands par la nécessité de ne pas mourir de faim. Mais il possédait instinctivement toutes les vertus liées à la chevalerie et devait, à ce propos, se montrer à plus d'une occasion critique envers les agissements discutables de son maître. Bavard impénitent, redoutable archer, beau garçon, c'est surtout grâce à ses écrits que plus d'une aventure de Pierre Cordwain de Kosigan devait être porté à notre connaissance, des aventures au cours desquelles, il convient de le noter, il jouerait un rôle non négligeable.

Peu de temps après son arrivée, Pierre Cordwain apprit d'une discussion entre marchands, la situation politique de Troyes. L'annonce prochaine de la vassalité du comté de Champagne, corroborée par la présence importante de chevaliers français et bourguignons dans l'enceinte de la ville, risquait de se voir faussée par la disparition récente du représentant du Duc de Bourgogne. En effet, Marc de Salers, jeune homme pas franchement intelligent et définitivement insouciant restait introuvable. Cela faisait tout à fait les affaires de Foulque de Chanvre, le représentant du roi de France. Ce dernier, fin politicien, avait récemment perdu son épouse et s'était vu confié par le roi mission d'obtenir la main de Solenne de Champagne. Il semblait évident qu'il ne reculerait devant aucune bassesse pour parvenir à ses fins mais peut-être souffrait-il d'un excès de confiance en soi qui allait le mener à sa perte. D'autant plus que Solenne de Champagne, princesse à la beauté envoutante, semblait lui préférer le représentant du Duc, plus jeune, plus beau… et plus manipulable, ce qui contenterait la jeune femme et la politicienne née qu'elle était.

Le soir, Pierre Cordwain échappa de justesse à une nouvelle tentative d'assassinat orchestrée par son oncle. Cela ne l'empêcha pas, dès le lendemain d'aller s'inscrire au tournoi. L'occasion de rencontrer un fort fâcheux personnage, à savoir Gérard d'Auxois. Issu d'une famille traditionnellement alliée aux bourguignons, cette brute s'était taillée une réputation de bretteur hors pair et de sombre imbécile dont la principale tare, outre un physique repoussant, était de faire passer ses rancunes personnelles avant les intérêts des missions qui lui étaient confiées.

Les jours prochains allaient s'avérer riches en évènements. Entre joutes guerrières et verbales, enquêtes et faux-semblants, le bâtard de Kosigan allait faire montre de tous ses talents afin de sortir de situations périlleuses. (…)

On raconte enfin que c'est à partir de cette époque qu'un ange se mit à suivre la trace de Pierre Cordwain de Kosigan. Loin de veiller sur lui, cet être de lumière semblait au contraire redouter la nature même du bâtard et surtout ses origines. On dit encore qu'il agit en fonction de ce qu'il découvrit… (…)

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